Qu'est-ce que la diverticulite?
Notre intestin est tapissé de muscles qui contribuent à déplacer la nourriture dans notre système digestif. Cependant, tout comme les autres muscles de notre corps, ces muscles digestifs peuvent s’affaiblir.
Le tonus musculaire varie tout au long du tractus gastro-intestinal et une faiblesse survient souvent dans les dernières parties du côlon; cela découle habituellement du fait que les vaisseaux sanguins sont liés aux tissus musculaires. C’est à ces endroits (ou points faibles) que de petites poches, que l’on appelle diverticules, peuvent se former1.
Vous n’avez jamais entendu parler de la maladie diverticulaire? Elle est extrêmement courante chez les personnes âgées de plus de 50 ans, mais nous sommes plusieurs à ignorer sa présence jusqu'à ce que ces petites poches s’infectent ou qu'une inflammation survienne. C’est à ce moment que la maladie diverticulaire devient une diverticulite.
Si vous souffrez d’une diverticulite, il est souvent difficile d’en ignorer les symptômes : elle peut causer une douleur et une sensibilité abdominales, des ballonnements ou une distension abdominale, en plus de la diarrhée, des frissons et de la fièvre. Ces symptômes se manifestent après qu’une réaction immunitaire ait provoqué une inflammation. Votre corps essaie de lutter contre l’infection, qui est souvent causée par des déchets coincés dans les diverticules.
Le traitement le plus courant contre la diverticulite est l’antibiothérapie. Cependant, dans certains cas plus graves, des fissures peuvent se former sur la paroi de l’intestin, causant ainsi une infection générale qui nécessite une hospitalisation. Au Canada seulement, plus de 3 000 interventions chirurgicales sont effectuées chaque année pour prendre en charge la diverticulite2. Le taux de cette maladie est à la hausse et celle-ci touche également les jeunes adultes1. La forte prévalence de la maladie et l’hospitalisation nécessaire (si la maladie progresse) font de la diverticulite un fardeau qui pèse à la fois sur le système de soins de santé et sur notre qualité de vie. Il convient donc de se demander pourquoi les diverticules se forment.
Examinons de plus près la diverticulite
Beaucoup pensent qu’il faut blâmer la pression élevée dans le côlon sigmoïde – qui est situé à l’extrémité du tube digestif – pour la formation de diverticules1. Un environnement où la pression est élevée augmente la probabilité de formation de poches dans les parties plus faibles du côlon. Le coupable qui se cache derrière l’augmentation de la pression est l’intestin qui s’efforce d’évacuer les selles qui proviennent le plus souvent d’une alimentation faible en fibres. Il est logique de considérer la constipation comme un coupable quand on sait que la maladie diverticulaire est plus courante dans les pays où les habitudes alimentaires sont plus « occidentalisées »; une tendance que nous observons partout dans le monde avec la transition alimentaire mondiale vers une alimentation hautement transformée1.
Cependant, à mesure que nous comprenons mieux la maladie, nous découvrons de nouveaux facteurs qui entrent en jeu, même si on ne sait pas encore s’ils apparaissent à cause de la maladie ou s’ils en sont partiellement à l’origine. Le premier facteur a trait à la nature du « deuxième cerveau » de l’intestin; l’inflammation peut altérer le système nerveux au sein du tube digestif, ce qui pourrait entraîner une pression contractile plus élevée et une expérience de la douleur1. Il semble également que l’inflammation microscopique joue un rôle dans la gravité de la maladie, la récurrence des poussées et la réaction au traitement1. Les taux de calprotectine fécale, un marqueur d’inflammation intestinale, sont habituellement élevés lorsque la maladie est symptomatique1.
La recherche sur le rôle des bactéries intestinales dans la diverticulite en est qu’à ses débuts et il sera intéressant de constater les conclusions qui en seront tirées, surtout en ce qui a trait à l’inflammation et à l’infection. Un essai clinique récent a révélé des différences bactériennes entre les tissus inflammés et non inflammés dans le cas de la maladie diverticulaire, notamment un type de bactérie connue pour relâcher des enzymes destructrices et des organismes producteurs de méthane couramment associés à la constipation3.
Bien vivre avec la maladie diverticulaire
Sans complications, la maladie diverticulaire peut se caractériser par des poussées semblables à celles du syndrome du côlon irritable (SCI) qui peuvent la rendre difficile à diagnostiquer1. Lorsque vous parlerez de votre santé digestive à votre médecin, surtout si vous êtes âgés de plus de 40 ans, pensez à lui parler de la maladie diverticulaire avec le syndrome du côlon irritable; souvent, des outils diagnostiques comme les tomodensitogrammes et les échographies peuvent être utilisés pour vérifier la présence de diverticules.
Si vous recevez un diagnostic de maladie diverticulaire (à moins de complications), il serait judicieux d’adopter une approche « alimentaire » comme moyen de guérison. Bien que les recherches soient étonnamment minimes pour orienter les interventions en matière d’alimentation, un régime alimentaire riche en fibres est généralement considéré comme la meilleure solution. Commencez par remplacer les aliments hautement transformés faibles en fibres comme les pâtisseries et les aliments prêts-à-manger par des aliments entiers. Mangez des portions plus petites de viande rouge et consommez davantage de protéines végétales, de volaille et de poisson. Mettez dans votre assiette une grande quantité de grains entiers, de légumineuses, de fruits et de légumes riches en fibres puisqu’une alimentation riche en fibres et composée de végétaux est reconnue pour réduire votre risque de développer une maladie aiguë1. Les femmes devraient consommer quotidiennement au moins 25 grammes de fibres et les hommes, 38.
Si une poussée était le premier symptôme de maladie diverticulaire que vous avez ressenti, la prise d’antibiotiques et un régime liquide strict sont habituellement nécessaires pour lutter contre l’infection et laisser l’inflammation s’estomper. Une fois que l’infection a été traitée avec succès par des antibiotiques, l’adoption progressive d'une alimentation riche en fibres est recommandée pour améliorer la santé intestinale et réduire le risque de récidive1. Cependant, le défi consiste à savoir si l’intestin est tolérant à un tel régime. Nous recommandons habituellement d’éviter le maïs, les graines et les noix, car on pense qu’ils pourraient rester coincés dans les diverticules; cependant, cela n’est pas étayé par les recherches modernes. Quand on y pense, cela semble logique : puisque la maladie se déclare habituellement dans les parties distales du tube digestif, une mastication adéquate devrait mener à la digestion et à l’absorption des aliments en question. Les mots-clé à retenir ici sont la mastication adéquate. Bon nombre d’entre nous se dépêchent pour manger leurs repas et n’utilisent pas leurs dents pour broyer les aliments végétaux afin qu’ils soient bien digérés. Prenez votre temps lors des repas et mastiquez bien les aliments jusqu’à ce qu’ils aient la consistance d’une pâte homogène avant de les avaler.
Cela étant dit, il y a quelques exceptions à ce qui est mentionné ci-dessus. Par exemple, les graines de lin entières traversent presque toujours le tube digestif sans être digérées et ne peuvent être consommées qu’une fois moulues. Certains aliments végétaux plus résistants, notamment le maïs soufflé, peuvent simplement irriter un intestin sensible après une poussée. En fait, durant les premières étapes de l’adaptation à la vie après une poussée, le fait de manger les aliments plus résistants dans leur version moulue pour les digérer, comme le beurre de noix, le hoummos ou les graines moulues dans les smoothies, constitue une excellente stratégie pour améliorer l’absorption et la tolérance, puisque le mélangeur mastique les aliments à votre place.
Fibres, bactéries et un intestin en meilleure santé
Après une poussée, il faut du temps pour faire la transition d’une alimentation molle faible en fibres vers une alimentation progressivement plus riches en fibres et en aliments végétaux, particulièrement après de fortes poussées (bien que chaque personne soit unique). Les fibres augmentent le volume des selles, les rendant plus faciles à évacuer, et contribuent à nourrir les bonnes bactéries dans l’intestin. Commencez par ajouter des graines de psyllium moulues, une fibre particulièrement soluble à fermentation basse qui constitue le premier choix pour réduire au minimum l’irritation. De plus, prenez un probiotique de grande qualité comme Bio-K+ dans le cadre de votre processus de guérison. Bio-K+ est éprouvé cliniquement pour aider à prévenir les effets secondaires des antibiotiques, comme la diarrhée associée aux antibiotiques. Les recommandations relatives à l’utilisation d’un probiotique avec des antibiotiques sont les suivantes : prenez une dose de Bio-K+ (les capsules 50 milliards ou les produits à boire) deux heures après l’une de vos doses quotidiennes d’antibiotiques, chaque jour de votre antibiothérapie et pendant les cinq jours suivants.
En pratique, je recommande l’utilisation continue de Bio-K+ pendant au moins 12 semaines durant la phase de guérison. L’explication derrière tout cela, c’est que les probiotiques jouent un rôle bien établi dans le soutien de la croissance des bonnes bactéries qui luttent contre l’infection et dans la modération de l’inflammation dans l’intestin, ce qui en fait un choix judicieux dans le traitement de la maladie diverticulaire. La recherche sur le rôle des probiotiques, plus particulièrement dans le traitement de la maladie diverticulaire, en est qu’à ses débuts; nous en avons donc encore beaucoup à apprendre sur des souches spécifiques, mais certains essais cliniques préliminaires démontrent leurs bienfaits4,5. Les probiotiques sont, en fait, couramment recommandés par les professionnels de la santé pour améliorer la santé digestive des personnes souffrant de la maladie diverticulaire.
Toute maladie du système digestif nécessite une approche holistique et personnalisée puisque le tractus gastro-intestinal se trouve au croisement de la santé des systèmes digestif, immunitaire et nerveux. Il est essentiel de faire des exercices légers pour améliorer le bien-être et maîtriser l’inflammation, ainsi que pour favoriser l’élimination régulière. La gestion du stress est en outre une composante essentielle de l’équation; en raison du lien étroit entre le cerveau et l’intestin, le stress peut accroître les sensations de douleur et même déclencher des poussées.
Même si nous sommes nombreux à ne pas souffrir actuellement de la maladie diverticulaire, le fait de savoir à quel point elle est courante signifie qu’il est essentiel d’adopter une mentalité préventive. En tenant compte de ce que nous savons actuellement sur la maladie, la consommation d’une multitude d’aliments végétaux riches en fibres et la prise quotidienne d’un probiotique représentent une stratégie simple pour contribuer à maintenir votre côlon en bonne santé. Si vous recevez un diagnostic de maladie diverticulaire, un diététiste peut vous aider à recouvrer une meilleure santé digestive.
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Références