La santé urogénitale des femmes
Saviez-vous que nous, les femmes, avons un microbiote vaginal et
même urinaire très spécifique? Oui, même si ceux-ci sont moins bien connus et
étudiés, que leur homologue intestinal, il existe plusieurs types de microbiote
dans notre corps et même sur notre corps! Le microbiote est défini comme étant
un ensemble de microorganismes retrouvés dans un endroit donné1. Donc,
selon cette définition, des milliards de bactéries et autres microorganismes
vivent dans notre système digestif, dans nos voies respiratoires, sur notre
peau, mais aussi dans notre système reproducteur et dans notre système
urinaire.
Cela explique bien des choses n’est-ce pas? Avez-vous déjà développé
une infection vaginale à la suite de la prise d’antibiotiques? Ou, avez-vous
déjà développé une infection urinaire à la suite d'une relation sexuelle? Bien,
il s’agit déjà de deux causes en lien avec une dysbiose du microbiote vaginal
et urinaire.
Si vous souhaitez en apprendre davantage, cet article est pour vous!
Le microbiote vaginal
Le microbiote vaginal fait référence aux milliards de
microorganismes qui colonisent le vagin dû à certains facteurs, dont l’humidité,
les nutriments et la température qui le composent. La majorité des
microorganismes se retrouvant dans la flore vaginale proviennent du tractus
gastro-intestinal et comprennent principalement le genre Lactobacille. Ce
genre bactérien permet le maintien d’un certain équilibre avec son
environnement et permet également la libération de composés antimicrobiens et
anti-inflammatoires. Les lactobacilles relâchent de l’acide lactique,
des bactériocines et du peroxyde d’hydrogène, tous aux vertus antimicrobiennes.
On peut donc dire qu’une solide ligne de défense est créée et maintenue grâce à
ces composés et la régulation du pH, quant à elle, est liée à la libération
d’acide lactique3. D’ailleurs, le principal rôle du microbiote
vaginal est d’empêcher les microorganismes pathogènes de s’établir dans le
vagin2.
Comment peut-on perturber l’équilibre du microbiote vaginal?
L’équilibre maintenu par ces microorganismes peut facilement être
perturbé par des facteurs internes et externes. Voici quelques facteurs ayant
un impact sur ledit écosystème : la fluctuation des taux d’hormones chez la
femme au cours de sa vie, l’âge, le système immunitaire, les changements d’environnement
chez l’hôte, soit la femme, la prise d’antibiothérapie, les infections, l’exposition
à différents pathogènes et une vie sexuelle active3.
D’autre part, saviez-vous que les bactéries et autres
microorganismes contenus dans les intestins humains pourraient se retrouver dans
le microbiote vaginal? Mais comment? Le microbiote du rectum serait en fait
très semblable à celui du vagin, donc par un processus qu’on appelle la
translocation, les bactéries migrent du rectum vers le vagin. C’est par ce
processus que des bactéries comme certaines souches pathogènes de E. coli
ou encore de champignon comme Candida se développent dans la flore du
vagin et causent des infections.4
Comme mentionné précédemment, les Lactobacilles sont
prédominants dans le microbiote vaginal, sa diversité est plus faible également
lorsque comparée aux intestins. En ce sens, il est clair dans la littérature
que plus que les Lactobacilles diminuent en quantité dans le vagin,
l’équilibre est perturbé et il y a plus de risques de développer des infections3.
Le microbiote urinaire
Le microbiote urinaire, bien que peu étudié, demeure très
intéressant. Il n’y a pas si longtemps, on croyait que le microbiote urinaire
était inexistant puisqu’on pensait que l’urine était stérile chez les individus
en santé5,6. Celui-ci est tout de même moins important en ce qui
concerne la quantité de microorganismes si on le compare au microbiote
intestinal. Il se compose principalement des bactéries provenant des genres Lactobacilles
et Streptococcus5.
De la même façon que pour les infections vaginales, les infections
urinaires se développent à la suite de la translocation de microorganismes
pathogènes vers l’urètre et proliférant dans la vessie. Ces infections peuvent
aussi survenir en réponse à une infection vaginale par des pathogènes et
ceux-ci s’étendront jusqu’au système urinaire6.
Qu’en est-il du microbiote intestinal dans tout ça?
Puisque le microbiote intestinal a autant d’influence sur le
microbiote vaginal et même urinaire, la littérature scientifique laisse croire
qu’en prenant bien soin de notre santé intestinale cela permet une meilleure
santé vaginale et urinaire2.
Effectivement, l’alimentation, la prise de certains médicaments tels
que les antibiotiques peuvent avoir un impact directement ou indirectement sur
la flore vaginale et ainsi sur la santé vaginale et urinaire des femmes. Si une
dysbiose survient dans ces deux régions du corps, cela peut occasionner une
vaginose bactérienne, infection à levures (muguet), infections urinaires et
voire même l’infertilité2.
Il apparaît encore plus évident, après les recherches faites pour
élaborer cet article, que l’on est fait de ce que l’on mange. Cette phrase est
tout à fait appropriée pour le microbiote intestinal et l’est tout autant pour
le microbiote urogénital. L’alimentation aura un impact sur la diversité
bactérienne et l’équilibre dans les intestins, puis celui-ci, aura à son tour,
un impact sur l’équilibre vaginal et urinaire.
Certains probiotiques, lorsque pris oralement, pourraient être bénéfiques pour la santé vaginale et même urinaire. Il est cependant important de s’assurer que des études cliniques ont été faites sur ces produits probiotiques spécifiques destinés aux femmes et que les allégations mentionnées sur l’emballage sont conséquentes avec ces études.
En espérant que ce texte vous aura aidé à mieux comprendre les facteurs qui ont un impact sur la santé vaginale et urinaire des femmes. Il serait donc approprié de conclure en disant que le microbiote intestinal a davantage d'influence sur les autres systèmes du corps humain que l'on pourrait croire.
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